Page:Bouchor - Les Poëmes de l’amour et de la mer, 1876.djvu/51

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XVII.

Ô ma chère, qu’il t’en souvienne ! Et qu’il te plaise,
En tes pensers, de voir souvent cette falaise
Où l’on respirait l’air libre et puissant du ciel ;
Où, les yeux étonnés d’un spectacle éternel
Et l’oreille attentive aux immenses murmures
De l’Océan, du vent qui passe et des ramures
Des grands arbres tordus au vent du ciel, couchés
Dans la fougère, ayant à nos pieds les rochers
Et la plage — en rêvant nous laissions fuir les heures…
Souviens-toi comme hier, quand je te dis : « Tu pleures,
Et pourquoi pleures-tu quand nous nous aimons tant ? »
Un sourire passa sur ta bouche, emportant
La tristesse d’un cœur qui contient trop de choses.
Et tes lèvres de pourpre étaient deux belles roses