Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/106

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Puisque l’homme ébloui redevenait ton prêtre,
Tu pris un corps de femme et tu daignas paraître.
Alors, et grâce à toi, ressuscitaient les dieux.
Sur leur montagne, au chant des luths mélodieux,
Pleins de joie, ils buvaient le sang fumeux des vignes ;
Et les déesses, plus candides que des cygnes,
Livraient leurs tresses d’or et leurs beaux seins fleuris
Aux yeux humains, tournés vers l’éclatant pourpris.
Mais, tandis qu’on voyait rayonner ta puissance
Sur les Olympiens que le vulgaire encense,
Léonard de Vinci lut au fond de ton cœur.
Il te fit ce sourire exquisement moqueur.
T’ayant vêtue avec une richesse austère.
Il sut t’envelopper du plus noble mystère.
Courtisane pudique ou sainte aux yeux troublants,
Je cherche à deviner tes bras fermes et blancs,
Tes épaules, ta gorge où mon regard s’arrête ;
Je te désire avec une terreur secrète…

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