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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/108

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La fleur qu’une splendide extase transfigure.
La bête songe à toi dans sa pensée obscure ;
Elle sent bouillonner la race dans ses flancs,
Et le fouet du désir cingle ses reins brûlants.
L’homme aussi t’appartient. Quand l’amour le dévore,
Dans l’être aimé c’est toi qu’il cherche et qu’il adore ;
Et sans trêve il poursuit un idéal secret
Qui lance des éclairs furtifs, et disparaît.
Ainsi tu fais briller, décevante Nature,
Un reflet de ta grâce en toute créature !
Et toi, Mère, dont nul n’a fait battre le sein,
Tu souris en voyant s’accomplir ton dessein :
Car tout est plein de vie, et le chant de l’abîme
Glorifie à jamais ton triomphe sublime. »