Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/12

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retard. Il porte, dans le texte même, la date de ma trentième année ; et je n’ai déjà plus, de cette année décisive, qu’un souvenir assez confus. Je ne crois pas que l’on me prêterait la fantaisie de vouloir me rajeunir. Mais l’esprit d’un homme peut varier beaucoup en un court espace de temps, et ce n’est pas sans un peu de honte que, le plus souvent, on relit ses vers oubliés. La conclusion, purement morale, du présent volume est bien celle où je me suis arrêté, bien que je ne songe pas à me raidir contre toute influence religieuse qui pourrait me pénétrer ; mais le chemin tortueux que, dans mon livre, j’ai suivi pour arriver à cette conclusion est loin de me satisfaire. Je fais allusion surtout aux deux poèmes : Le Divin et Vers l’Amour. Peut-être la forme à demi symbolique de l’un et de l’autre leur enlève-t-elle le caractère de « confidences » qui choquerait en un livre consacré à de graves sujets. Pourtant ils contiennent trop de mes rêveries intimes, et en même temps il s’y mêle trop de factice pour que je n’éprouve pas quelque gène à les publier. Si je m’en délivre hâtivement dans un livre fragmentaire, C’est surtout parce que cette gêne augmenterait chaque jour.

Je voulais d’abord expliquer, par des notes placées à la fin du volume, en quoi les poèmes qui devaient terminer les Symboles me semblent critiquables à divers points de vue. Mais je crois bon d’épargner au lecteur des notes volumineuses, qui auraient paru attribuer à mes poèmes une importance exagérée. D’autre part, il n’y a pas lieu de continuer pour ce volume le travail de vulgarisation que j’ai