Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/13

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fait pour le premier[1]. Je me borne donc à cette préface, où je montrerai que les poèmes dont je m’occupe procèdent d’un autre esprit que l’ensemble des Symboles (dont une grande partie reste à faire) et qu’ils ne sauraient en être la conclusion naturelle.

J’ai raconté, dans la préface du premier volume, à la suite de quelle évolution j’avais entrepris un travail peut-être au-dessus de mes forces. J’y ai noté aussi les variations de ma pensée. Toutes les croyances, après avoir été pour moi comme des voiles splendides, laissant transparaître une lueur de l’Ineffable, ne m’inspirèrent bientôt plus qu’une sympathie désintéressée. Ayant renoncé, du moins pour un temps, à chercher la solution de problèmes réputés insolubles, j’aimai les religions de tous les âges et de toutes les races pour la pénétrante poésie, la grâce, la splendeur de leurs rêveries, pour la paix qu’elles surent donner à tant d’âmes, et surtout pour le puissant appui qu’elles prêtèrent aux idées morales.

En notant les phases de mon évolution, je ne remarquai pas assez nettement que les Symboles, conçus dans un certain esprit et commencés dans un autre, avaient été continués dans un troisième. Je m’étais cru d’abord en possession d’une Vérité, fort trouble à coup sûr, mais qui vivait en moi par ses contradictions même. La personnalité de Dieu s’y accommodait avec un panthéisme effréné ; la paix éternelle

  1. Il me suffira de dire que le Christ aux Limbes est la paraphrase d’un évangile apocryphe, et que, dans Allah, j’ai voulu résumer le Coran.