Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/123

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EN PRIÈRE


 
Mon cœur gonflé d’amour refusait de se taire.
Mon âme s’élançait vers le souverain Bien.
Que faire, n’ayant pas un Dieu qui fût le mien ?
Adorer sans comprendre, et bénir un mystère.

J’ai voulu retrouver le primitif accent,
M’épancher en hymnes sincères,
Boire à la source antique, oublier le présent
Pour les siècles où l’homme, encor jeune et puissant,
Ne connaissait point nos misères…

Mais mon âme est pareille, en ses vaines douleurs,
A la funèbre Isis aux yeux brûlés de pleurs
Qui, sur le bord du Nil, menait un deuil sauvage ;
Elle déchirait l’air de cris désespérés,
Sans ranimer l’Époux dont les membres sacrés
Saignaient épars sur le rivage.