Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/149

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II

C’est toi qui sauveras ta faible créature,
Mère immortelle ! Il faut t aimer comme autrefois.
Je veux boire le frais silence de tes bois
Et me réfugier en ton cœur, ô Nature.

Fais-moi connaître encor l’étreinte de tes bras.
Je suis toujours l’enfant sauvage et solitaire
Qui couvrait de baisers la face de la terre,
Et mon âme, c’est toi qui la posséderas.

En toi seule respire une grâce divine.
Tout mon bonheur sera désormais de t’aimer ;
Je veux en toi, vivant et libre, m’abîmer,
Nature qu’à travers tes voiles je devine !

Mon esprit, impuissant à pénétrer ta loi,
Ose te revêtir d’une vague figure…
Ah ! tant que doit durer ma conscience obscure,
Puissé-je m’enivrer uniquement de toi !