Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



II

Lorsque, dans mon ardente et vaste rêverie,
Le genre humain comme un seul être m’apparaît,
Je crois voir devant moi le doux Fils de Marie,
Le Fils de l’Homme, aux yeux plein d’amour, et qui prie,
Peut-être tourmenté par un doute secret.

Certes, l’humanité finit d’être chrétienne.
Elle a besoin, ô Christ, qu’une mâle vertu
En des sentiers hardis la guide et la soutienne ;
Il lui faut une loi plus ferme que la tienne ;
En ces temps d’âpre lutte, à quoi servirais-tu ?

Il ne nous suffit plus d’aimer et de nous taire.
Les Hellènes vivaient sous leur ciel radieux
Sans se réfugier dans la paix du mystère ;
Et, libres, ils savaient, tout en aimant la terre,
Mourir pour la cité, la patrie et les dieux.