Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/192

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Certes, s’il ne veut point que la prière meure,
Dieu s’écriera : « Béni soit l’hymne que j’entends ! »
Et le Dieu qui devient dans l’infini du temps
Marchera, plein d’amour, vers le Dieu qui demeure.

S’il n’en est pas ainsi, les hommes auront foi
Dans l’avenir d’un monde où la justice est née,
Sachant que tout conspire, et que leur destinée
Se déroule suivant une divine loi.

Le bonheur des vivants et l’amour qui les mène,
N’est-ce pas encor Dieu ? Chaque jour plus réel,
Ce Dieu resplendira dans la beauté du ciel,
Mais d’un éclat moins pur que dans la face humaine.

Peut-être que la Mort perdra son aiguillon
Et que dans une chair sans fin renouvelée
L’âme palpitera comme une chose ailée,
Oui, comme un radieux et libre papillon.

Ou bien l’auguste Mort sera sans agonie ;
Chacun, d’un ferme cœur, verra venir son tour,
Content d’avoir été, dans ces siècles d’amour,
Un frémissant anneau de la chaîne infinie.