Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/201

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(Comme elle offrait jadis des hymnes au Seigneur)
Le droit qui ne meurt pas et l’éternel honneur.
Lorsque tu douteras, que l’amour te délivre !
Vis en tous et pour tous ; et, si tu veux revivre,
Avec le genre humain pêle-mêle emporté,
Ne cherche qu’en lui seul ton immortalité.

Garde la précieuse étincelle en ton âme,
Cette humble liberté, maigre et chétive flamme
Qui vacille, et qu’il faut empêcher de mourir.
D’autres verront le bien paisiblement fleurir
Dans l’homme et sur la face heureuse de la terre ;
Toi, cherche la bataille ardente et salutaire.

Heureux, quand l’avenir flotte encore incertain,
L’homme dont la vertu fait pencher le destin,
Celui qui, dédaigneux d’une force usurpée,
Dans le plateau du droit jette sa fière épée !
Heureux l’homme inspiré, le mâle citoyen
Dont la voix guiderait un peuple vers le bien,
Et qui, ne laissant point fléchir sa foi robuste,
Montrerait ce que peut la parole d’un juste !
Tel n’est pas ton destin, poète : mais du moins
Tu fais surgir, ainsi que d’austères témoins,