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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/208

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aucune autre ne saurait anéantir le mal sous ses formes innombrables. Ce n’est pas trop, pour le vaincre, de la raison comme de la bonté, et de la force unie à l’amour.

Donc, n’ayons pas une servile dévotion à la lettre de l’Évangile, mais gardons-nous de le repousser sous prétexte qu’il ne suffît pas à tout. Si l’amour, principe et fin de la vie sociale, est impuissant à en régler tous les rapports, si nulle société ne peut vivre sans un collectif et incessant effort vers la justice, est-ce un motif pour reprocher à une religion humaine dans le plus large sens, et qui ne fait pas acception d’époques, de races, de patries, l’impossibilité où elle est de satisfaire à toutes les nécessités particulières de telle société ?

Ma ferme conviction est que la parole du Christ fut très bienfaisante dans le passé, non seulement aux individus mais aux sociétés, et que, dans le présent ou dans l’avenir, elle sera loin d’être inutile à la formation d’un état de choses plus équitable. Je crois que l’on ne fondera pas une vraie et durable justice, si l’esprit de charité n’atténue tout d’abord la dureté de ceux qui jouissent et la haine chez ceux qui souffrent.


Telle est la déclaration que j’avais à faire. Je puis avouer aussi (en y attachant beaucoup moins d’importance, car c’est une simple question de forme) ce qu’il y a d’abrupt dans la thèse patriotique jetée au milieu de ce poème. Peut-être aurais-je dû prendre la question à un point de vue beaucoup plus général. J’eusse alors développé l’idée que les patries sont des groupements indispensables en l’état pré-