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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/220

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II

J’accuse injustement le Ciel quand je me plains,
Chère âme, de ne pas t’avoir plus tôt connue ;
Il ne tenait qu’à moi de hâter ta venue
En livrant ma pensée à des rêves divins.

Lorsque j’ai pressenti que j’allais te connaître,
Déjà je n’aimais rien qui ne fût immortel,
Et pour toi je parais mon cœur comme un autel
Où l’adorable Enfant du miracle va naître.

Je n’étais pas encor digne de nommer Dieu,
Mais je répudiais la sagesse factice ;
Mes lèvres bénissaient la sereine Justice
Et je pleurais devant le ciel chastement bleu.

J’invoquais l’idéal qu’en toi je glorifie ;
Mes songes lentement le revêtaient d’un corps ;
Par de mystérieux et suaves accords
J’apprenais chaque jour l’approche de ma vie.