Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/234

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Des songes lumineux ou des métamorphoses
Délassent ta pensée et charment tes instants ;
Dans l’ombre tes cheveux sont frôlés par les roses.

L’air de la nuit est doux, mais moins que tes vingt ans ;
Le long des verts buissons brillent des lucioles,
Et tout salue en toi la grâce du printemps.

Voici que, te berçant de suaves paroles,
Des anges, près de toi, font doucement vibrer
Les théorbes, les luths et les tendres violes.

Leurs frêles instruments ne font que murmurer.
Tu rêves au bonheur et ton âme soupire ;
Le silence et la nuit te disent de pleurer.

Ta fantaisie est reine et te crée un empire ;
J’oublierais sans remords, pour écouler ta voix,
Les poètes aimés et mon divin Shakspeare.

Les étoiles du ciel palpitent sous tes doigts ;
Des clochettes des fleurs tu sors comme une fée :
Tes cheveux ont gardé l’arôme exquis des bois.