Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/235

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La Nature t’adore et se souvient d’Orphée,
Car tu sais, en prêtant la vie aux sept roseaux,
Faire un hymne éternel de sa plainte étouffée.

Quand tu chantes ainsi, merveille des oiseaux,
C’est qu’ayant trop donné de ton amour au monde,
Tu mérites enfin cette heure de repos.

Recueille-toi, cher cœur, dans une paix profonde,
Jusqu’à l’heure où, sortant de son palais de feu,
Le Soleil étreindra la Terre jeune et blonde.

Laisse errer tes désirs dans le pâle ciel bleu ;
Égrène au vent du soir tes lentes rêveries ;
Écoute les concerts des beaux anges de Dieu.

Je me consolerai, pourvu que tu souries,
D’être exilé longtemps de ta céleste cour ;
Et, pour mêler mon âme à tes chastes féeries,

J’attendrai que l’amour éveille enfin l’amour.