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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/24

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J’aurais plutôt besoin qu’on me pardonnât d’être revenu sur certaines choses déjà exposées dans une autre préface. J’espère, cependant, que l’on ne m’en voudra pas de mes répétitions ou de mes contradictions. Il est difficile de voir clair dans les transformations de sa pensée, eût-on l’esprit délié d’un philosophe ; à plus forte raison, si l’on est un simple poète.

Puisque j’ai fait allusion à la préface écrite pour le premier volume des Symboles, je voudrais, en terminant, dissiper une erreur qui a été commise au sujet de certaines idées exposées dans cette préface. Je n’ignore pas que ma pensée est d’une très mince conséquence pour mes semblables ; mais je me crois tenu d’agir comme si elle devait en avoir une très sérieuse. M. Jules Lemaître, dont la critique est à la fois si large et si pénétrante, et envers qui je me sens fort obligé pour la sympathie qu’il me témoigne, a conclu de mes propres explications que j’avais été mené par des considérations esthétiques à une conception morale de la vie humaine. J’ai dû m’expliquer très mal. Il est vrai que j’ai écrit ceci : « Je me rendis compte que, si je voulais augmenter les plaisirs de mon esprit, rien, pas même la vertu, ne devait m’être indifférent. » Mais je voulais noter en ces deux lignes une phase très spéciale de mon évolution ; et il me semble résulter de ma laborieuse analyse que, par la suite, des idées toutes nouvelles s’éveillèrent en moi. Puisque je n’ai pas été clair, je tiens à l’être une fois pour toutes.

Je ne penserai jamais que la morale, comme l’a dit un