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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/245

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« Tu m’appelais ta vie et l’âme de ton âme,
Reprend avec lenteur l’ange plus gracieux ;
Mais moi, que tourmentait la vision des Cieux,
J’ai voulu t’arracher au sombre lac de flamme.
Je t’aimais, ô mon frère, et je t’ai fait souffrir,
Afin que notre amour pût librement fleurir. »

Et celui qui jadis, sur la haute falaise,
Rêvait à son aimée en face de la mer,
S’écrie éperdûment, tandis qu’ils fendent l’air :
« Lèvres, je vous respire ; ô cheveux, je vous baise !
Ailes, vous palpitez dans mes ailes ; beaux yeux,
Si j’ai souffert par vous, je vous possède mieux…

« Viens, mon âme, la mer céleste nous appelle.
Au-dessus de l’eau bleue et des blondes moissons,
Fuyons vers le soleil. » L’autre chante : « Unissons
Nos voix à cette voix, si profonde et si belle,
Que le vent du matin porte vers le Béni ;
Viens, et que notre joie emplisse l’infini ! »