Aller au contenu

Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ces justes, vénérés parmi tous les Hébreux,
S’abordaient avec joie et se disaient entre eux
Les plus belles de leurs paroles prophétiques,
Si bien que nous pensions revivre aux jours antiques.
Mais un homme plus grand que les autres parut.
La foule, pour le voir de plus près, accourut ;
Et tous, en l’admirant, furent saisis de crainte,
Tant, sur sa face, était visiblement empreinte
L’image de Celui qui, le sixième jour,
Pétrit la noble chair de l’homme avec amour…

L’ancêtre, comme s’il se faisait violence,
Laissa tomber ces mots dans le profond silence :
« Oui, les temps sont venus ; béni soit notre Dieu !
Quand l’aveuglante épée aux spirales de feu
Me chassa de l’Eden, hélas ! après ma faute,
Michaël me parla d’une voix claire et haute.
Ton âme, dit l’archange, — et je pâlis soudain, —
Languira dans la mort tant que l’eau du Jourdain
N’aura point effacé la tache originelle ;
Mais alors tu naîtras à la Vie éternelle. »

Ayant ainsi parlé comme s’il était seul,
Le premier homme, Adam, le vénérable aïeul,