Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/40

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Qui, dans le fond du cœur, te chérit comme il m’aime..
Sa parole t’a fait plus de mal qu’à moi-même !
C’est lui qui, ranimant des morts déjà glacés,
T’a plusieurs fois ravi ta proie… — Assez ! assez !
Cria l’Enfer ; tais-toi. Tout entier je frissonne.
Qui donc, jusqu’à présent, dompta la mort ? Personne.
Satan, tu m’as perdu. Cet homme, je le vois,
Est celui qui, criant : Lazare ! à haute voix,
Fit surgir de la tombe un mort déjà putride.
Ah ! tu ris ? ce miracle effrayant te déride ?
Tu grinceras des dents tout à l’heure, Maudit.
L’âme du trépassé, sitôt qu’elle entendit :
« Lazare, lève-toi ! » violant toute règle,
Hors de mes sombres murs s’envola comme un aigle.
Celui qui fit cela, certe, est le Fils de Dieu !
Que vais-je devenir ? On verra d’ici peu
La Mort sans aiguillon et l’Enfer sans victoire.
Ton aveugle fureur, lâche et blasphématoire,
Fait descendre parmi tous ces morts oubliés
Celui qui me les doit arracher par milliers,
Et tu t’en applaudis, misérable ? J’espère
Que dans mon plus infect et glacial repaire,