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Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/43

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Tous, respirant déjà l’air frais du Paradis,
Nous fixions nos regards sur les portes, tandis
Qu’une vive clarté transparaissait en elles.
« Ouvrez-vous, dit la voix, ô Portes éternelles ! »
Un flot de jour entra dans nos Limbes profonds,
Pendant qu’avec lenteur, sur leurs terribles gonds,
Les portes de l’Enfer roulaient silencieuses,
Et le Christ apparut. Des gouttes précieuses,
De rouges pleurs baignaient l’or de ses cheveux longs,
Sa face rayonnante et sa poitrine. « Allons,
Dit le Maître, Satan est vaincu ; paix aux justes ! »
Et, plein d’amour, tendant vers nous ses mains augustes
Dont les paumes saignaient, il dit : « Voici mes mains. »
Comme nous maudissions ses bourreaux inhumains,
Nous vîmes à son flanc une large blessure ;
Tous pleuraient. Mais il fit le geste qui rassure,
Car sa puissante voix nous aurait fait trembler,
Puis il dit : « Viens, Satan ! » On entendit hurler
Le lâche instigateur de la faute première.
Noir, hideux, aveuglé par la pure lumière
Comme un oiseau de nuit que cernent les flambeaux,
— Lui qui brilla parmi les anges les plus beaux —