Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/92

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« Nous vous ramènerons des gouffres de la mer.
Chaque ossement prendra sa place accoutumée.
Le feu du ciel l’eût-il brusquement consumée,
Vous revêtirez votre chair.

« Par les lances, par les bannières, par les tentes,
Par les cavales haletantes
Aux naseaux pleins de sang, aux crinières flottantes,
Qui font, sous les coups de leurs fers,
Jaillir une grêle d’éclairs,
Nous jurons qu’au premier éclat de la trompette
Tous les êtres vivants mourront en un clin d’œil.
La sombre mer, les cieux muets, la terre en deuil
Attendront qu’à travers le monde elle répète
Son âpre et stridente clameur.
Mais, au deuxième appel, comme une vaste houle
Qui se forme, s’ébranle et roule,
Les morts s’agiteront en foule
En faisant sous le ciel une immense rumeur.

« Alors, que d’âmes angoissées !
Voici qu’il pleut du soufre et de l’airain fondu.
La lune éclate au loin. Le soleil s’est fendu.
Les étoiles sont effacées.