Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/15

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lorsqu’elle balbutia les premières explications du monde. Mais l’histoire des croyances est, en soi, du plus haut intérêt pour les hommes d’aujourd’hui. Nous avons grandi à l’ombre d’une religion encore vivace ; et ceux qui répudient la foi de leur enfance ne doivent pas le faire légèrement. Il faut qu’ils sachent bien ce que furent les croyances religieuses, leurs origines autant qu’il est possible d’y remonter, de quelle façon elles se développèrent, la filiation qui les relie entre elles, les progrès qu’elles accomplirent et l’action qu’elles ne cessèrent pas d’exercer jusqu’à nos jours. Si une religion nouvelle est possible, bien que nous ne sachions pas ce qu’elle sera, l’étude des formes anciennes peut donner un corps aux rêveries que suscite en nous cette pensée. Car si de nouveau les hommes de l’Occident, quelle que soit leur culture scientifique, s’unissent dans une foi commune, leurs dogmes et leurs symboles ne seront certes pas en dehors de toute tradition. Peut-être que les tentatives de ce genre sont d’avance condamnées. Mais je pense qu’il survivra dans l’homme un sentiment religieux, en présence du mystère qui nous enveloppe. Les instincts ne se modifient pas comme les idées ; et peut-être, toutes les religions étant abolies, persistera-t-on à croire, comme elles l’ont affirmé hautement, que le monde est une