Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/17

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même temps que les races, conformément à la nature des choses. Notre âge a vu la science des religions acquérir chaque jour une plus grande certitude. Aussi n’est-il plus permis de s’en tenir à l’étroite critique du XVIIIe siècle. Le sentiment religieux, quelle que soit son essence et malgré la grossièreté de ses premières manifestations, nous émeut toujours parce qu’il fut, chez tous les peuples, sincère et irrésistible. Le culte des ancêtres, la religion du foyer prirent naissance hors de tout esprit sacerdotal. C’est toujours par une adoration spontanée qu’on divinisa les forces de la nature, bien que la façon supérieure dont ce travail fut exécuté par les Aryas montre chez eux l’éveil de la curiosité scientifique. Enfin, on ne peut suspecter la bonne foi des hommes qui fondèrent les religions suprêmes où d’innombrables âmes trouvent aujourd’hui une discipline et une consolation.

S’il ne s’agissait que de rêveries sur le principe du monde et sur les destinées de l’âme humaine, l’histoire des religions nous captiverait moins. Mais elles furent des systèmes de morale en même temps que des métaphysiques populaires. L’origine des premières notions de la justice peut être cherchée dans certaines croyances religieuses qui, en tout cas, donnèrent une grande force à l’idée du devoir.