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Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/22

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tisme, et elle peut être exploitée par des hommes sans conscience. C’est là un mal inévitable. Faut-il renier la Révolution française à cause de ses fureurs ? Je suis sûr que les religions ont fait beaucoup pour le bonheur de l’homme. L’esprit des croyants ne fut pas torturé par le doute ; et ils eurent au cœur une grande espérance. Quant à la morale toute nue, je crains qu’elle séduise peu le plus grand nombre : d’autant qu’on lui dira, en abusant de la redoutable autorité de la science, qu’il n’y a point de libre arbitre et que par conséquent le devoir est une illusion. Des philosophes, voulant atténuer les effets de cette théorie, soutiendront qu’au point de l’évolution où nous sommes l’égoïsme doit consister souvent à nous sacrifier pour nos semblables ; mais cela n’est pas facile à comprendre. Écoutera-t-on davantage les spiritualistes qui, ne s’appuyant sur aucune révélation, s’obstinent à démontrer Dieu et l’immortalité de l’âme ? Non, certes. Leurs abstractions ne peuvent contenter personne ; et un signe de croix aurait plus de force que tous leurs arguments.

Ainsi notre attention est sollicitée de toute manière par les choses religieuses ; si bien que nul sujet n’est plus moderne, au sens large du mot. Les travaux de la science ont fait connaître l’esprit aussi bien que la lettre des religions les plus diverses, et il