Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/23

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n’est pas surprenant qu’à leur tour les poètes aient mis en œuvre une matière aussi bien préparée. Elle est d’ailleurs si riche que de grands artistes n’ont pu l’épuiser ; et c’est ce qui m’a donné la hardiesse de traiter à nouveau un sujet où plusieurs avaient trouvé de nobles inspirations. Je suis bien loin de méconnaître ce que je leur dois, et surtout au plus illustre d’entre eux, unique dans l’histoire des lettres pour l’invention des images et la maîtrise des formes : l’empreinte de Victor Hugo est sur tous les poètes qui vinrent après lui. Pourtant je crois que mon œuvre a sa raison d’être. J’ai eu l’idée de suivre la pensée religieuse dans son évolution à travers les âges, depuis l’aurore des temps historiques jusqu’à notre époque ; et surtout j’ai voulu, dans un grand nombre de mes poèmes, résumer l’esprit d’une religion au lieu d’emprunter aux diverses croyances des thèmes poétiques ne portant pas sur ce qui en est la véritable essence. Mais tout cela ne m’aurait point décidé si un sentiment irrésistible ne m’eût eu quelque sorte dicté ce livre. C’est ce que je vais expliquer le plus brièvement possible.