Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/35

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jamais. Je comprenais que les métaphysiques sont indémontrables ; mais je vis en outre qu’elles présentent rarement un sens clair et précis. Je reconnus cependant que notre profond désir du bonheur, de la vérité, de la justice nous porte malgré nous à caresser de beaux rêves. Mais, laissant de côté tous ceux qui ne regardent point la terre, je ne pensai plus qu’aux destinées de la race humaine ; et peu à peu s’évanouit pour moi l’Être ineffable que j’avais cru entrevoir derrière un voile de symboles. Je n’en poursuivis pas moins l’œuvre entreprise. Rien ne diminua mon respect pour les croyances religieuses ; et même je leur rendis une plus entière justice. Moins épris des rêves merveilleux qu’elles avaient suscités en moi, je les aimai davantage pour leur bienfaisante action dans le passé. Je les envisageai surtout comme des morales ; et je bénis en elles les sources où avait bu l’humanité haletante, dans sa longue route vers la justice.


III

L’analyse que je viens de faire explique assez le Prologue par lequel s’ouvre mon livre. Je m’y adresse à Dieu sans rien préjuger sur sa vraie nature