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de la reliure

Comment nous taxer de légèreté et d’oubli, lorsque parcourant nos rues il aurait à chaque pas la surprise de bonnes antiquailles reconstituées, palais assyriens ou demeures féodales ; lorsqu’en visitant nos musées, même les plus modernes, il repasserait un à un les drames romains ou grecs des annales ; quand, s’arrêtant aux devantures de nos boutiques, parfois arrangées à la mode du vieux temps, il ne verrait que traductions, inspirations de l’antique, du gothique ou du florentin ? Le costume des passants peut-être, et encore ! Encore quelque réminiscence s’offrirait-elle d’instant à autre, ce parfum de « déjà vu » dont parle Alighieri à propos des immortelles maladies de l’âme. Et si le peintre venu à résipiscence s’avisait de reprendre son œuvre, il vêtirait la Française cette fois, assuré de voir son modèle copié et recopié par les tailleurs de l’heure présente.

C’est donc que n’avons point de style moderne sur le fait d’art décoratif, et que nous en sommes réduits par la force des choses à emprunter aux ancêtres. Voilà que la reliure nous pousse à philosopher, à nous lamenter dès l’abord avec