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de la reliure

qu’une mosaïque de Grollier impose aux Contes rémois de M. de Chevigné. Peut-être y aurait-il moins de mécomptes et d’anachronismes d’appliquer un modeste Carayon moderne à quelque vieux chef-d’œuvre. En pareil cas la simplicité est un bénéfice, d’autant qu’elle coupe court aux erreurs et parfois aux sottises.

Il serait enfantin de compter beaucoup sur les gens du métier pour secouer cette torpeur béate. Si quelques-uns cherchent à s’en affranchir, c’est grâce à l’impulsion donnée par un groupe très restreint d’amateurs éclairés et oseurs. Pourrions-nous dire que les partisans de la tradition fussent ravis de ce remue-ménage ? On s’endort si volontiers dans la pratique journalière d’une tâche, on s’y crée des habitudes, on y vit sûrement, sans dépense d’imagination ni de main-d’œuvre. On a ses fournisseurs attitrés, ses fers gravés, ses ouvriers ankylosés dans un petit train-train bon enfant. Ce devient toute une histoire que de prétendre sortir des rails, comme disent les nouveaux venus, les progressistes. Abandonner une besogne si limitée, si sûre, pour courir l’aléa, mettre de côté une théorie pour en apprendre une autre, se torturer la cervelle, quand