Page:Bouchot - De la reliure, 1891.djvu/61

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ne doivent point avoir un uniforme pareil, et sembler de petits pioupious rouges et bleus alignés en front de bandière sur les rayons d’une bibliothèque. Plus ils seront dissemblables entre eux, mieux ils auront une physionomie propre, un état personnel, plus ils se feront reconnaître. Chez les amateurs très riches, où les volumes s’entassent par milliers, la mode s’est implantée de vêtir les œuvres d’une même classe de couleurs appropriées. Ambroise Didot recommandait ce système de livrée en s’inspirant des Grecs ; le rouge à la guerre, le bleu à la marine, le rose aux galanteries, et ainsi de suite en passant par toutes les teintes du spectre solaire. Au fond cette recherche, excusable pour les dépôts publics, n’a guère sa raison dans le cabinet d’un bibliophile. Les oppositions s’obtiendront aussi bien par la variété de costume, le petit détail des broderies, les multiples écritures de l’ornement, que par les teintures du maroquin. Il se peut présenter d’ailleurs cette difficulté qu’une nuance s’arrange mal d’un emblème utile ; les ors disparaissent et s’affadissent sur les tons pâles. L’amateur inspiré n’aime guère qu’une loi inviolable le contraigne en pareil cas ; il va