Page:Bouchot - De la reliure, 1891.djvu/71

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fleuretée, non plus Pompadour déjà, mais pas encore Trianon. Et la joie, si la fortune des rencontres nous offrait quelqu’un de ces rubans larges et soyeux où les vieux fabricants imprimaient les vignettes d’Eisen ! Ce que j’ai vu de plus parfait dans le genre était un malingre bouquin relatant les amours du P. Girard et de la Cadière. En dehors, un lourd et banal manteau janséniste vous laissait croire à une simplicité renfrognée. Mais le plat tourné, quel émerveillement ! Décorant le verso et formant garde, deux feuilles de satin rose, et sur ce satin les portraits satiriques des deux complices, enguirlandés de pensées, séparés par des cœurs brûlants, et des carquois, et des flèches, et des amours. Le tout bien de son époque, absolument irréprochable. Au prix de quelles bassesses, de quels trocs honteux, le galant possesseur s’était pu fournir de pareille doublure ! Tout était calculé dans ce morceau impeccable, la tartuferie du maroquin sombre, trompeur, image du héros principal ; et le voile levé, le cœur ouvert, l’ais retourné, un paradou du dix-huitième siècle, le péché accoutré de façon mignarde, toute la préface du livre écrite sur un tissu léger par un contemporain de l’histoire.