Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/27

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14° « Elle y passe une partie de l’année (dans sa maison de Meudon), c’est-à-dire les jours qu’elle ne joue pas, qui sont en assez grand nombre par l’inutilité dont elle est présentement dans la Troupe, où elle ne fait plus aucune figure depuis la jonction des deux troupes ; et sans les pièces de son mary elle ne paroistroit plus qu’avec désagrément. » — La Fameuse Comédienne profite habilement du petit nombre de rôles que Madame Molière a créés après la mort de son mari — de 1673 à 1694, année de son admission à la retraite, on n’en compte que six — pour en conclure à la négation de son talent. C’est absolument faux. Si Madame Molière n’a pas interprété beaucoup de rôles nouveaux, il ne faut l’attribuer qu’à sa nonchalance. Dans les années qui suivirent 1673, elle était omnipotente à la Comédie ; elle pouvait, à l’exemple de la plupart des actrices, accaparer tous les rôles qui lui auraient plu, quitte à les mal jouer, la preuve que son talent n’avait point diminué, c’est le succès qu’elle eut dans ces six créations et celui qu’elle ne cessa jamais d’obtenir dans son répertoire, ce que la Fameuse comédienne est obligée de reconnaître. Or, une actrice « inimitable » dans Célimène, dans Elmire ne pouvait être inférieure dans les pièces de Thomas Corneille. D’ailleurs les témoignages sur le jeu de Madame Molière ne manquent pas ; l’auteur de L’impromptu lui-même, Grandval le père, le Parisien (1682), les Entretiens galants (1681), de Visé en ont parlé avec admiration.

Voilà les points sur lesquels on peut convaincre d’erreur la Fameuse Comédienne. Nous n’avons, bien entendu, parlé que des faits controuvés ; quant aux jugemens, la partialité en est trop naturelle chez un ennemi pour qu’on songe a en tirer des indices. Par contre, tous les autres détails, et je parle des plus insignifiants, sont d’une