Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/104

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que j’ai prise pour ton portrait. Comme j’attends le tien à chaque minute, je n’en ai pas douté. Point du tout. C’était un tableau d’électricité dont je ne sais que faire. La véritable électricité et le véritable magnétisme sont dans tout ce que tu dis, dans tout ce que tu fais, dans tout ce que tu es, etc.


Ce 10. — Ton enfant est digne de toi et je ne vois pas où cela s’arrêtera ; il est vrai que c’est comme toi, car plus j’y pense, plus j’y réfléchis, moins je vois où cela s’arrête. Je n’ai pu lire sans verser des larmes de joie ce charmant récit de ta promenade, de ta gaieté, de ta partie et de ton parfait bonheur d’avoir retrouvé tes enfants, que les esprits infernaux avaient éloignés de la meilleure et de la plus aimable des mères.


Ce 11. — Tu n’auras aujourd’hui que cette ligne-ci, ou tout au plus celle-ci, pour te dire que je te baise du fond et jusqu’au fond de l’âme.


Ce 12. — Voilà des nouvelles de France qui m’arrivent du Sénégal et par conséquent il y en a de toi. Oui, mon enfant, il y en a ; tu n’oublies point ton vieux mari, tu cherches tous les moyens de lui prouver que tu l’aimes, tout maussade qu’il est, toute charmante que tu es. Je ne les ai pas encore lues, tes jolies lettres, parce que j’en ai un déluge de la cour, qui vont m’accabler d’affaires d’ici à après-demain que je fais partir la Cérès, mais ces affaires-là ne m’empêcheront pas de faire la plus importante, c’est de te baiser avec autant de folie que si cela ne nous était jamais arrivé.


Ce 13. — Je t’ai lue enfin, et je t’ai vue toujours