Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/139

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à prier dans huit jours. N’importe, tout ira bien et je te reverrai, car M. Detella est homme de parole et c’est de tout ce qu’il m’a promis le seul article dont je ne le quitte point.


Ce 27. — On m’envoie un courrier du Sénégal, qui m’apporte quelques lettres arrivées par un bâtiment de Bordeaux et il n’y en a point de toi. Mme  d’Andlau me parle de ton gendre, M. de Rieux m’annonce le mariage de ta fille à Anizy pour le 15 juillet, tout m’assure que tu es à Paris et que tu n’es point malade et que tu sais qu’il part un bâtiment et je n’ai pas un mot de toi. Je te cherche des excuses, mais où en trouver ? Cependant il est bien difficile que tu ne m’aimes plus, ou pour mieux dire cela est impossible. Ainsi faut-il que je t’aime toujours et que j’attende avec confiance ce que j’aurais reçu avec tant de joie.


Ce 28. — Il me reste une espérance : c’est que tes lettres soient dans des paquets que le Gustave-Adolphe (c’est le nom du navire) doit m’apporter ; je l’attends à toute heure, car il a dû partir en même temps que le courrier de terre et il aurait pu et même dû le devancer. Mais jamais un bâtiment ne part à l’époque fixe et l’usage de la mer est une école perpétuelle de patience et de modération. La mer est comme les femmes : elle a l’air d’obéir, mais en effet elle commande et bien impérieusement. Elle est comme les dames, perfide dans sa douceur et terrible dans sa furie ; mais je me réconcilierai avec elle, si elle m’apporte de tes nouvelles et surtout si elle me rapporte bientôt vers toi. Adieu.