Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/178

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maternel. Enfin, au risque de me tromper et même de me faire moquer de toi, je veux le penser et même le dire et te baiser comme si cela était vrai.


Ce 7. — On fait mes paquets, et, comme il arrive toujours en pareilles circonstances, mes gens qui devraient depuis un mois être prêts à partir ont l’air d’en apprendre la première nouvelle. Je te porterai bien peu de chose, chère enfant, mais au milieu de ce peu de choses tu trouveras un bon mari. Tu aimerais peut-être mieux des petits oiseaux, mais le temps y est contraire et le peu qui échappera est destiné à M. le Dauphin, de la part de qui on m’a écrit. Au reste il viendra d’autres vaisseaux que le mien dont tu seras peut-être plus contente.


Ce 8. — Je supporterais plus aisément tous les retards que j’éprouve, si chaque jour n’enfantait pas une nouvelle difficulté et si toutes ces difficultés-là n’étaient point de la pire espèce. Tu sais ou du moins tu supposes tout le bien que j’ai fait et tout celui que je cherche à faire à tous et à chacun. Eh ! bien, personne n’est content ; ils vivent tous chez moi, ils ont des gratifications, ils font un petit commerce sur lequel je ferme les yeux et souvent même, quand la décence peut n’être pas offensée, j’y donne les mains. La colonie est rétablie, rebâtie, ressuscitée par mes soins et presque à mes dépens ; les soldats et les officiers n’ont jamais été si bien logés, ni si bien entretenus dans aucune colonie ; les malades sont soignés comme par M. Necker et mon hôpital devient le modèle des hôpitaux et l’exemple de ce que peut le zèle livré à sa propre activité sans secours et sans moyens. Enfin tout est mieux même que je n’avais