Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/196

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a manqué. Nous allons même un peu mieux dans ce moment-ci ; mais toutes les ailes des oiseaux, toutes les nageoires des poissons, toutes les voiles de Xerxès ne suffiraient pas à mon impatience. Je te laisse à deviner qui en est l’objet.


Ce 14. — Mon pauvre homme va beaucoup mieux, je n’ai point osé risquer l’opium, j’ai trouvé que ce serait trop trancher de l’Hippocrate, je me suis contenté de lui donner de la confection et de l’eau sucrée avec du riz à l’eau pour toute nourriture. C’est ce dernier article-là qui lui coûte le plus et qui lui vaudrait le mieux. Enfin j’espère le ramener sans être obligé de relâcher surtout en Portugal, parce qu’il faudrait en partir par terre ou par mer et que de manière ou d’autre ce serait un retard d’un mois. Les vents se soutiennent et la mer est assez douce contre son ordinaire dans ces parages, dans ces temps et dans ces vents-ci. Je profite de sa bonté jusqu’à son changement. Voilà comme il faudrait faire avec les femmes, mais je ne me sens plus la force de supporter l’idée d’un changement et j’aime mieux croire que cela n’est point possible.


Ce 15. — Nous avons dépassé la hauteur de Lisbonne, c’est-à-dire que nous sommes déjà un peu plus au nord, mais nous sommes très loin de la terre et nous allons bientôt changer notre route pour nous en rapprocher et pouvoir doubler dans deux jours le cap Finistère qui ferme l’entrée du golfe de Gascogne. Alors trois bons jours suffiraient pour nous trouver à la vue des côtes de France et quatre pour être rendus à la Rochelle. Toutes les apparences et toutes les observations sont en notre faveur, mais je