Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ressouviens d’y avoir vu tout ce qui est ici en réalité, excepté que nous n’avons pas de femmes. Cela me manque.


Ce 7, au Sénégal. — Enfin, me voici dans mes États, au milieu de mes amis, qui, depuis le premier jusqu’au dernier, ont l’air d’être saisis de joie et d’attendrissement. Ils voient que dans mes arrangements généraux je n’ai oublié personne et qu’en m’occupant des intérêts du roi j’ai pourvu aux leurs. Il y avait beaucoup de gens inquiets ; j’ai tout rassuré d’un mot. Je ne craignais que deux marchands très intrigants, qui devaient effectivement abandonner leurs espérances et sortir de l’île. Ils ont mieux fait : ils sont sortis de ce monde, le premier il y a quinze jours, et le second avant-hier. Tu vois que ton mari n’est pas abandonné de la fortune, et quand il le serait, pourvu que tu ne l’abandonnes point, il défiera tout le reste.


Ce 8. — Je comptais sur beaucoup plus de peine que je n’en ai ; mais mon travail était si bien préparé en France, qu’il va de lui-même ici, et, comme j’ai encore d’autres projets, je serai peut-être obligé de retourner en France cette année, si cela ne te fait pas trop de peine. Adieu, femme que j’aime trop.


Ce 9. — Tu es et seras toujours la même, chère et divine femme, c’est-à-dire la plus jolie et la plus aimable du ciel et de la terre. Il m’est revenu ce matin trois paquets de tes lettres ; j’en savais à peu près le contenu, mais je ne pouvais prévoir tout ce qu’elles disent, mais je ne pouvais point prévoir