Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gue, pour aller à une maison de campagne que j’ai fait faire en paille à cinq quarts de lieue d’ici. J’y suis arrivé à huit heures et demie à cause du vent contraire. À neuf heures j’ai monté à cheval ; je me suis arrêté à une lieue de là pour différentes affaires avec les habitants et j’ai poussé ma pointe jusqu’à six lieues plus loin, m’arrêtant encore dans un village intermédiaire, qui venait d’arrêter des captifs qu’on amenait à Gorée. J’ai mis ordre à tout autant qu’il était possible, et j’ai été voir Rufisque, qui serait un bel endroit même dans nos plus agréables provinces maritimes. J’y ai fait et reçu les politesses d’usage ; on y a donné du mil à mes chevaux et du lait à mon monde ; je suis ensuite revenu par le même chemin à ma pirogue et j’étais à table à Gorée à deux heures et demie. Si je pouvais aller de ce train-là te rejoindre, je me sentirais bien du courage ; mais combien je prévois d’impatience et combien j’en éprouve en attendant.


Ce 2. — Enfin, j’ai des nouvelles de M. de Villeneuve. Il est arrivé à deux lieues d’ici hier au soir, avec deux jeunes gens que je fais venir du Sénégal. Mais je ne conçois pas ce qui l’a empêché de prendre sur-le-champ un bâtiment à moi qui est mouillé à cet endroit-là pour y charger de la chaux et de venir vent arrière. Enfin c’est beaucoup, après mes inquiétudes, de le savoir à portée d’ici, le reste s’éclairera bientôt. Le grand mal c’est de n’être pas aussi près de toi que de lui ; j’espère qu’en pareille conjoncture nous n’aurions pas couché si loin l’un de l’autre.


Ce 3. — Villeneuve est revenu aussi tranquille, aussi gai, aussi bien portant qu’à son ordinaire.