Page:Boufflers - Oeuvres - 1852.djvu/128

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noncer pour le fils d’un religieux, s’était pressé de lui aller chercher des habits plus convenables, et qu’il ne s’est point souvenu sans doute de reprendre son voile. Koramed, sans être aperçu de son ami, l’a vu passer à visage découvert : la tache couleur de pourpre dont il avait été question pendant le dîner a frappé Koramed ; la bravoure et la modestie de Mohély lui ont tout expliqué. On n’était plus qu’à un quart de journée de la ville royale ; Koramed y a volé en moins d’une heure. Akbar, transporté de joie, a sur-le-champ envoyé le firman à la caravane ; Koramed y était déjà revenu pour saluer le roi de Platila ; et, dès le soir, il était retourné vers le sultan : rien n’est fatigant ni difficile pour l’amitié. L’ami de Mohély, à son retour, est nommé grand vizir ; le sultan lui a confié son projet, et l’a chargé de toute l’ordonnance de la fête ; Koramed ya passé toute la nuit, et maintenant on le voit à côté de l’Orangas, monté sur le plus beau cheval de la Perse, brillant de pourpre, de parure, et surtout de joie, au triomphe de son ami.

Cependant la caravane étonnée avançait toujours à la rencontre du cortège ; Koramed aperçoit de loin son ami, et le désigne au sultan. À l’instant même, toute l’armée s’arrête, et le grand Akbar, déposant tout faste, oubliant toute étiquette (la joie n’en connaît point), descend de son éléphant, au grand étonnement de tout ce qui l’environne, et marche au-devant d’Idalmen. L’émir, à cette vue, se précipite de son cheval et se prosterne aux pieds du sultan. Akbar le relève, le serre tendrement dans ses bras ; puis, détachant la superbe aigrette qui brillait au-dessus de son turban, et que les rois seuls ont droit de porter… — Roi de Platila, lui dit-il, recevez de ma main cette première marque de la royauté que vous devriez exercer depuis longtemps. Votre royaume n’est pas un