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LES RACES

Sur d’autres tables, sur celles des indices céphaliques par exemple, vous constateriez que le Brahmane se rapproche du Bind 316, comme le Bâbhan du Bhar : sur celles des angles faciaux, vous verriez voisiner le prêtre et le pêcheur, le valet de ferme et le propriétaire – si bien que vous pourriez conclure avec M. C.-J. O’Donnel que, même dans cette région privilégiée, la fusion des types est avancée : l’anthropométrie elle-même prouve qu’il est désormais impossible de reconnaître la fonction à la race, les castes aux crânes.

La conclusion mélancolique à laquelle aboutissait déjà M. Topinard, après avoir analysé les documents anthropométriques du Bengale 317 est donc indiscutablement confirmée : « Un premier point nous est acquis : c’est que l’Inde est loin d’être cette terre, rêvée par les anthropologistes, dans laquelle les types se dégagent d’eux-mêmes, simples et classiques, reproduisant ceux que les légendes et une histoire remontant à 4 000 ans et plus nous font entrevoir. C’est que les populations y sont très mélangées, très confuses, et souvent contradictoires, malgré l’endogamie qui n’a pu que condenser leurs caractères. »

Le résultat n’a rien d’ailleurs qui doive nous surprendre, si nous nous rappelons que ces fameux codes sacrés, dont la réglementation sélectionniste fait l’admiration des anthropologistes, expriment un idéal bien plutôt que la réalité.

Les prescriptions n’en sont-elles pas dictées par les vœux de la caste dominante, qui les a rédigées, bien plutôt qu’elles ne sont calquées sur des coutumes respectées universellement ? Il serait étrange que les observations anthropométriques vinssent confirmer la théorie brahmanique des castes, puisque tout concourt à prouver – on nous l’a montré 318 – que la théorie brahmanique a le plus souvent masqué

1. Crooke. Oavr, cit., p. 137. 2. Anthropologie. Art. cit., p. 310. 3. V. plus haut, p. 30.