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LES EFFETS

de M. Barth, ils constituent une littérature, nullement une législation. Privatarbeiten, manuels pour étudiants, ils nous décrivent peut-être l’idéal sacerdotal, mais ne nous garantissent nullement que la réalité s’y soit pliée. En suivant cette pente M. Nelson 399 en venait à conclure que le moindre défaut de la « loi hindoue » c’est de n’exister, à vrai dire, que dans l’imagination des Brahmanes et de leurs dupes, les philosophes européens.

Il semble qu’une observation plus attentive de la vie hindoue permette de s’acheminer aujourd’hui vers une opinion moyenne. En fait, sans qu’ils aient jamais été promulgués à proprement parler, les codes brahmaniques jouissent, pour la plupart de leurs prescriptions, d’une autorité incontestable auprès de la plus grande masse de la population hindoue. Peut-être cette autorité s’explique-t-elle précisément par la méthode de tolérance et de conciliation que nous avons définie. De ce Droit aussi on peut dire que s’il mène, c’est sans doute dans la mesure où il a suivi.

Une théorie récente, s’élevant contre les excès du romantisme juridique, s’efforçait de montrer que partout où l’on nous invite à admirer un droit coutumier, comme jailli de la pratique unanime et spontanée des intéressés, on peut découvrir l’œuvre patiente d’une jurisprudence religieuse 400. Ce n’est point par un lent et sourd travail des consciences collectives, c’est par les intuitions successives des individus inspirés que les lois sont élaborées. Qu’on cesse donc d’opposer la jurisprudence à la coutume : celle-ci ne serait, à vrai dire, qu’une alluvion de celle-là. Et il pouvait sembler, au premier abord, qu’aucun cas n’était plus favorable à la théorie que le cas soumis à notre étude, s’il est vrai qu’il ne s’est trouvé, pour dire le droit, aucun corps de « prudents » plus révérés que

I . A view of the Hindu law et A prospectus of the Hindu lam, critiqués par A. Barth. Reoue critique, 1878, I, p. 417» 1882, II, p. 109. a. Lambert, ouur. o(7., paf»sim.