espèce de ville dans laquelle les individus se sont partagé les devoirs sociaux et les accomplissent ponctuellement. Les uns sont de véritables officiers de bouche ; ils se chargent d’approvisionner la colonie, ils chassent et mangent pour elle ; d’autres la protègent ou l’avertissent des dangers qu’elle peut courir ; ce sont les agents de police. Sur les autres repose la prospérité numérique de l’espèce et ils sont de trois sortes, à savoir : les individus reproducteurs chargés de produire les bourgeons sexués, les individus mâles et les individus femelles. Dans la ville, le nombre des « corporations » n’est pas inférieur à sept.
Mais si de ces colonies animales nous nous élevions graduellement au plus haut degré de l’échelle des organismes, — des poissons aux amphibies, des amphibies aux reptiles, des reptiles aux oiseaux, des oiseaux aux mammifères, — à quelle prodigieuse subdivision des fonctions élémentaires pourrions-nous assister ! Combien d’activités diverses, — vision, audition, odorat, toucher, — supposent nos seules fonctions de relation ! Et de combien d’opérations variées une seule de ces activités, la vision, par exemple, est-elle capable de s’acquitter !
Or en vertu des rapports étroits qui unissent la fonction à l’organe, cette division des travaux ne saurait aller sans une multiplication des instruments. Pour remplir un office nouveau, un nouvel organe se crée. Et c’est ainsi que les organismes deviennent « différenciés ». Chaque élément y prend la figure de son emploi.
Et sans doute, la division du travail peut apparaître, sans qu’on aperçoive aussitôt une différenciation nette des organes. Car la nature est économe. Elle procède par substitutions ou par emprunts physiologiques. Elle verse le vin nouveau dans de vieilles outres. Elle fait servir les organes anciens aux fonctions qu’elle diversifie. Mais ces fonctions n’atteignent leur perfection que lorsqu’elles se sont créé des organes spé-