Progrès qui n’a rien que de conforme, à vrai dire, aux tendances les plus générales de l’univers. Les inductions de l’histoire ne font que confirmer, de ce point de vue, les inductions de la physique. La science ne nous enseigne-t-elle pas que, même aux étages inférieurs de l’être, « l’ordre actuel n’a pas toujours subsisté, et que des phénomènes aujourd’hui réguliers, permanents ou périodiques, ont dû être amenés graduellement à cet état de régularité, de permanence ou de périodicité ? » Comme le monde de l’histoire, le monde de la nature ne tend-il pas vers la stabilité « en se débarrassant successivement des causes accidentelles de désordre[1] » ? En ce sens on pourrait dire que, dans la nature comme dans l’histoire, l’ordre n’apparaît, aux yeux de Cournot, que comme un fruit du progrès. Les sociétés humaines dans leurs développements n’ont donc pas fait autre chose — et ne pouvaient faire autrement — que de « s’adapter au plan général de la nature dans la construction du monde[2] ».
De ce mouvement de la pensée de Cournot, quelles conséquences méthodologiques tirerons-nous ? Nous constaterons d’abord que Cournot est loin de s’en tenir ici à l’étiologie historique proprement dite. Il ne se contente pas de discerner, par des analyses critiques, des séries d’événements indépendantes ou solidaires, des faits dominants ou subordonnés ; il embrasse dans ses formules synthétiques non seulement l’évolution particulière des ensembles sociaux, mais l’évolution générale de la civilisation dans laquelle débouchent finale-