suscitant devant eux des questions. Apprenez-leur des choses. Profitez de la morale pratique — je conserve à dessein les expressions du programme, quelque défectueuses qu’elles soient, — pour leur montrer un peu ce que c’est que le droit, les mœurs, que ce ne sont pas des systèmes logiquement liés de maximes abstraites, mais des phénomènes organiques qui ont vécu de la vie même des sociétés, et faites cette démonstration non d’une manière générale et vague, mais à propos de faits particuliers et concrets. Par exemple, quand vous leur expliquez la famille, mettez-leur sous les yeux, à côté du type actuel qu’ils croient seul au monde, quelques-uns de ceux dont je vais vous entretenir cette année afin qu’ils aient une idée plus juste du premier… Procédez de même pour la société. Ne vous contentez pas de donner à vos élèves une idée générale sur la nature des agrégats sociaux, mais montrez-leur qu’il y en a d’espèces différentes dont vous leur direz les propriétés distinctives, afin qu’ils comprennent mieux les caractères principaux des sociétés contemporaines. »
C’était en 1888 que M. Durkheim écrivait ces lignes. Il est remarquable que les discussions instituées sur « l’éducation morale dans l’université » nous ont ramené à des conclusions analogues, et ont mis en lumière le profit que nous pourrions retirer, pour l’enseignement de la morale, de la connaissance des faits sociaux. C’est ainsi que M. Belot[1] montre que, pour constituer un enseignement moral efficace, une série de sermons laïques sur les différentes vertus ou une série de dissertations métaphysiques sur les différents principes de la
- ↑ L’Éducation morale dans l’Université, p. 223.