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LA SOCIOLOGIE POPULAIRE ET L’HISTOIRE

courantes de notre propre conduite suffit à le constater : il existe dores et déjà, aussi bien qu’une météorologie, une « sociologie populaire ».

Grossière ébauche, faite de remarques rapportées au hasard, ou taillée à coup de généralisations hâtives ! Avec des procédés aussi naïfs, il est rare qu’on résolve les problèmes ; mais il reste du moins qu’on les pose. L’effort inexpérimenté du peuple, s’il est incapable de nous définir l’essence même des différentes espèces d’associations, suffit du moins à nous signaler leur existence. Dans le champ des formes sociales, comme sur tous les terrains aujourd’hui conquis à la science, l’intuition spontanée du vulgaire ouvre la voie à la recherche raisonnée du savant.

Toutefois, sommes-nous sûrs de nos guides ? Ne seraient-ils pas capables de nous conduire à quelque impasse ?

Il ne suffit pas de quelques aperçus flottants, vapeurs de l’expérience commune, pour démontrer, en même temps que l’existence propre de phénomènes sociaux, la nécessité d’une sociologie.

Tournons-nous donc vers ceux qui, faisant profession de ne pas substituer leurs « idées » au réel, mais de « laisser parler les faits », étudient depuis déjà longtemps, avec un esprit « scientifique », tout ce qui s’est passé dans les sociétés humaines : interrogeons les historiens.

L’œuvre des historiens exclut-elle, ou appelle-t-elle,