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QU’EST CE QUE LA SOCIOLOGIE ?

gistre les directions dominantes des vents. On est amené de la sorte à mettre en relief des faits majeurs qui servent comme de charpente ou d’ossature aux séries d’événements particuliers[1].

Il s’en rencontrera d’ailleurs, parmi les faits de cet ordre, d’assez constants, ou d’assez souvent répétés pour mériter, alors même que la raison théorique nous en échapperait, le titre de lois. « Tous les mammifères ont sept vertèbres cervicales » ; c’est une proposition qui n’est qu’une constatation et qui ne se présente pas à nous avec la même nécessité que celle-ci par exemple : « Tout globe fluide qui tourne sur lui-même s’aplatit vers les pôles. » Cependant l’universalité de cette rencontre nous oblige à supposer qu’elle tient à des causes constitutionnelles, qu’elle dépend du type même[2] : si elle n’exprime pas une loi rationnelle, nous pourrons dire qu’elle correspond à une loi empirique. Des lois de ce genre, connotant des coexistences ou des successions, toutes les sciences cosmologiques en découvrent de plus en plus, — qu’il s’agisse non seulement des « harmonies » du monde végétal ou animal, mais des retours périodiques ou des développements réguliers qui s’observent dans les transformations de la terre et des astres. Et ainsi du milieu de l’ἄπειρον auquel elles s’appliquent, on voit qu’il leur est permis de dégager, non seulement des faits majeurs, mais des tendances générales, révélatrices d’un ordre plus large et plus profond.

Au surplus, pourquoi leur défendrait-on a priori l’ambition de reconnaître, dans ce chaos même, l’action

  1. id., I, 203 ; Matérialisme, 130.
  2. Traité, II, 351.