Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/101

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la vision de Narcisse vous transporte dans d’étranges régions. Les chimères et les féeries vous consolent des bassesses du monde, et ses malédictions n’atteignent point vos pensées. Aux noirs matins de cloches funèbres, le spectacle des statues qui décorent vos quinconces, tout à coup dissipe votre ennui. On lit des mythes et des fictions. Bien que votre esprit tente des aventures, à la vérité terrifiantes, la fréquentation d’un Ajax, d’un Epictète ou d’un Hercule en fortifie le périlleux dessein.

Ces sentiments si confus, quelques hommes les accomplissent. Aussi convient-il de les admirer. Ceuxél paraissent prédestinés. Ils font obstacle aux flux du Styx. Ne persisterait-il, après des déluges, qu’une froide sentence de Lysistrate ou quelque affreuse petite médaille, que l’âme même de l’homme resterait éternelle.

Pour moi, je n’éprouve poiui ces émotions. Ma sensibilité ne s’apitoie jamais, et je ne vénère aucun homme dont l’unique vertu fut de succomber. Bien que cette pourriture infecte ait, en quelque sorte, 1« sinistre aspect que je suis appelé à prendre un jour ou l’autre, je ne vois pas qu’elle s’embellisse et sa laideur m’est répugnante.

Avec une âme un peu sensible on doit dissiper la douleur. Au moment même où succombaient les personnes dont je me croyais le plus féru, la tristesse des vivants m’exténuait uniquement. Lorsque les extrêmes oraisons des pauvres petits agonisants prennent tout à