Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ainsi, il vécut comme un étranger. Je vois là toute l’extrême mélancolie humaine. Dès lors, que de rêves, de fictions ! Quelles scènes pastorales ne songeait-il pas ! Quelles belles églogues peuplées de dieux ! Oui, en quelque endroit qu’il allât, les flores ni les gens, les bêtes ni les ciels ne lui purent paraître aussi beaux que le désiraient sa passion, son innocence sentimentale.

Cependant soyons satisfaits. Occupons-nous du gain, des fêtes. Vivons au jour le jour, ici, immédiatement, sans effroi, sans espoir, car tout est identique : les victoires d’Aristide, le gai concert qui fdtre à travers Ja forêt, la mugissante rumeur des hommes j :>anni des batailles en feu et en or, Tityre assoupi sous un hêtre et Tancrède dans le blanc château ! Tout est identique. Aucun ne prévaut. Point de hiérarchie. Ces drames et ces jeux d’épopée, ne voyez là qu’un mobile subterfuge. Ecrire, lire, rêver, c’est un pis-aller ! On imagine ce qu’on ne réalisera point. Fades passe-temps, pour tromper l’cnui, l’affreuse désolation des âmes

II. Se Purifier

à Edmond Pilon.

Il semble en effet que nos dithyrambes , nos idées et nos prétentions n’aient point d’autre effet que de compenser l’inertie affreuse de notre infortune et la défaite de nos espoirs. Les dieux que nous sûmes invoquer réhabilitaient les races et l’espèce. A des marbres ou à des héros nous confions d’impétueuses passions. Leur équilibre est leur vertu, et ils réalisent dans des arcadies