soleil y est parfumé. De fines bruyères éclairent le» pentes, et les hanches des monts blanchissants frémissent pudiquement, trempées par les flots.
Pour ébranler une âme sensible, rien ne vaut le spectacle des monts. On y éprouve des vertiges. Dans le plein été, quand l’air est brûlant, les herbages odoriférants grésillent, semblables à des lampes d’or. Les cimes se soulèvent, pesantes de prairies où bouillonnent le rouge flux des fleurs, les houles sablonneuses des pacages. Des précipices, par interstices, découpent d’épaisses grottes grondantes de glaciers. Les grands flots mobiles y poudroient. — Sur les bords, parmi des rochers, tournoient des verdures que rongent des lichens.
Ces benux lieux présentent le tragique spectacle des terres premières bouleversées d’ouragans. Des pics s’y hérissent pleins d’affreuses rumeurs. Des torrents font sonner les roches. Près de cet effrayant tumulte, il n’est point rare de distinguer le plus délicieux des décors champêtres. Une chaumière faite de planches de pin, puissante, s’accroupit et vacille au milieu d’amers saxifrages. A chaque coude des rocailleuses routes, onaperçoit, sur deratiques, gouffres, uneclaire maisonnette teinte de hautes lumières. Les bœufs forment la richesse des gens et leur existence est patriarcale. Leur douceur démeure solennelle. Ils ont le respect des proscrits. Devant leur pauvre habitation, ils prennent garde de tailler de solides bancs de pierre, afin que s’y reposent les voyageurs. Ainsi ces hommes connaissent Dieu. Leur écuelle n’est jamais si vide qu’ils ne puissent nourrir leurs hôtes, et . bien qu’ils soient parfois étrangement misérables, ils possèdent toujours