Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/140

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et solennel seigneur ou l’esclave qui taille l’ormeau et le hêtre. — En effet le vieux Pan palpite en moi. J’ai tant vécu, ici, ailleurs, en Arcadie et au Caucase. — Ma race remonte à Adam.

En vérité je me sais apte à tout. Le mouvement des planètes scande mon cœur, mon pas.

Au point où viennent d’atteindre les civilisations, il ne paraît plus qu’un homme supérieur ne soit destiné qu’à un seul foyer. La multiplicité de nos hérédités et la diffusion populaire déterminent celles de nos exploits. Tant de races se mêlent dans notre être, qu’il semble éclatant des vertus totales. On peut dire que le sang de l’antique Périclès, de Cyrus, de Sémiranis, empourpre et anime le pire laboureur, tout aussi bien que les descendants de ces rois. Enfin, la confusion des âmes et des peuplades enrichit tout homme d’intentions diverses. Quiconque remonterait aux sources de sa race, rencontrerait, de ci, de là, d’augustes et tumultueux aïeux qui étaient guerriers, forgerons, tisserands, pirates parmi des spumeuses mers, barbares deCimmerie, rhapsodes grecs, constructeurs de barques, conquérants fameux, ténébreux esclaves ! Les instincts qu’ils nous ont légués se contrarient. Chacun les adaptera à soi, à son milieu. On semble disposé à être un héros, un pasteur ou un philosophe. Trop de métamorphoses favorisent nos désirs. Embellis d’ancestrales vertus, nous en avons connu toutes les carrières. Leur diversité nous éblouit. Comme nous possédons de mobiles mérites, on les occupe pour les plus "grandes délices du monde, au petit bonheur de la destinée. Un homme devient ce que désirent les événements. Il n’est point