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Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/139

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m’obscurcit des années. La fréquentation de Pascal, d’Hermance qui était belle à cause de roses plus roses d’orner ses seins tremblants, Marthe, Pulcinella, Hésiode, Swedenborg me remplirent seulement d’ennui et de peur. —J’ai dit cela, mais j’y reviens.

Pour ne point pt’rir à la peine, je désirai des. axiomes sages et l’étreinte d’un dieu authentique. Dégoûté des hommes par ces tragédies, une foule d’odes, d’églogues et de dithyrambes où ils paradent, tout dénués d’héroïsme, je les en préjugeai, cependant, susceptibles. J’attendis qu’un héros vint me régénérer et réalisât mes desseins. Des batailles tentèrent l’âme des tyrannies. A travers une infinité d’exquises fictions je ne vis point de personnages suffisamment extraordinaires afin que mes sentiments leur fussent confessés sans témérité. Cela me parut fâcheux. Je recherchai bientôt l’amitié de Miltiade, et Socrate, un instant s’intéressa à moi. Je me composai une cité, et une race conformesà mes goûts. C’est alors que mon sort me semblait sans espoir. Malgré l’excellence des liesses quotidiennes, je m’épris d’extases défendues. Résolu à en acquérir qui soient légitimes et heureuses, je ne me suis pas consolé par des méditations d’éternité.

Une adorable amante trompa mon indolence en sorte que je fis vœu enfin de ne m’attacher qu’à l’amour. Peu à peu je me suis conquis. J’oubliai les mathématiques, ces apologues d’une langueur fade.

Etre assuré d’un but, voilà l’énorme problème ! — Mais quelle vaine ivresse, pourquoi tant d’effrois. IL m’eut été gai et facile de devenir un grand capitaine, un laboureur grave — s’il m’eut plu, — un magnifique