Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/143

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m’y abandonne. Brûlant d’une riche complexité sentimentale, j’éprouve la beauté d’aspects très divers. Cette prodigieuse petite Clarisse de laquelle j’adore, au milieu des larmes, l’extrême candeur si indolente, combien sa perte m’attristerait peu ! Je la prévois sans défaillir. En effet, qu’importent celle-ci et celle-là, quand l’amour encore, par la voix d’Hermance, d’Andromaque ou de Marthe nous prie et nous appelle !

Il est possible que je voyage. En aucun lieu je ne suis étranger. Pudiques roses des parcs siciliens, clairs pics surnaturels, plages, provinces, bons châteaux, bourgades qu’ornent de grands coqs, vous tous je vous connais depuis des temps anciens ! — A chaque détour de la haute route, s’engouffrent, en fuites larges, des plaines et des fleuves. L’atmosphère s’empourpre et bouillonne. Bucoliques poudroient les petites maisons, teintes de tuiles et de treilles vivaces parmi le sombre éclat des bois. D’énormes citrons y luisent, tournent dans les flammes. L’eau opaque du fleuve se casse sur les berges. Un ciel mince filtre à travers l’herbe. — Si différentes que soient ces profondes perspectives leur contemplation m’impressionne, et j’en tire toujours de joyeuses douceurs. Sur leur confuse magnificence le vieux soleil lourd frémit comme mon cœur. J’implore les sources couchées sous les ombrages. Le rouge sang du sol coule en moi.

En compagnie des hommes du bourg, des citadins et des ruraux, j’ai cessé d’attendre un héros. Je sais, strier tement, leur vertu. Cette tendresse, ce respect, ces délices qu’ils ne m’inspirent point, quand je les fréquente dans l’intimité, je les éprouve à leur